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La situation sanitaire actuelle bouleverse la vie des étudiants. À CESI Nice, un groupe de discussion s’est mis en place pour aider les étudiants.
Un groupe de discussion pour les étudiants
La situation sanitaire actuelle bouleverse la vie des étudiants. Sur le campus CESI de Nice, les étudiants interagissent quotidiennement avec d’autres étudiants de leur groupe de travail, un intervenant ou leur pilote de formation. Ce dernier / cette dernière joue un rôle clé dans le suivi de leur scolarité. Lorsque les étudiants reviennent sur site pour des TPs, des soutenances ou des examens, c’est toujours un temps fort de retrouvailles.
D’où est venue l’idée de créer un groupe de soutien pour les étudiants au sein du CESI ?
Valérie Pham-Trong, directrice :
Depuis le début de la période COVID, nous avons maintenu la cadence pédagogique, à distance et en présentiel, et depuis cette rentrée, nous avons remarqué combien les étudiants étaient avides de se retrouver lorsqu’ils revenaient dans les locaux de notre école d’ingénieurs à Nice.
Leur vie étudiante a été complètement bouleversée et nous souhaitions pouvoir les orienter, nous avons envoyé un premier guide avec des contacts et des relais. Des étudiants ont évoqué cette idée de groupe de discussion, parallèlement on m’a chaudement recommandé Delphine Bauchot et Émilie Perreard deux psycho praticiennes avec des méthodes très proches de notre approche pédagogique, le groupe de discussion s’est naturellement mis en place.
Delphine Bauchot, psychopraticienne : En tant que professionnelles, nous avions envie de nous rendre utiles, de mettre nos compétences au service de personnes rendues vulnérables par la crise sanitaire. Nous avons pensé aux étudiants, car certains se retrouvent isolés.
Emilie Perreard, psychopraticienne : Pour se sentir bien, nous avons tous besoin d’action et de lien social. À cause des longues heures de cours à distance et des mesures sanitaires que beaucoup d’entre eux respectent scrupuleusement, ils n’ont plus ni l’un, ni l’autre.
Quel est l’objectif de ce groupe de discussion ?
EP : Dans ces groupes, les étudiants parlent, échangent sur leurs difficultés personnelles durant cette période. Nous les encourageons à lâcher, à déposer leurs soucis dans le cadre bienveillant et confidentiel que nous avons mis en place. Cela leur permet aussi de se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls et de prendre du recul. Se sentir compris apporte déjà beaucoup de réconfort.
Mais cela ne suffit pas… C’est pourquoi, grâce à des petits exercices et discussions, ils échangent aussi sur leurs ressources, leurs façons de tenir face aux difficultés de cette période. Ils ouvrent aussi les yeux sur ce qui va bien, sur les petits moments de bonheur et sur des possibilités pour que cela aille mieux dans le futur.
Il s’agit de les aider à développer leur capacité de résilience et cela leur servira toute leur vie. La résilience consistant à « réagir, pour un individu dont le bien-être est sérieusement menacé selon un schéma permettant malgré tout une adaptation positive » (Suniya Luthar, psychologue américaine).
Cela fait un peu penser à du coaching ?
EP : C’est un mélange entre thérapie et coaching : lors de la première séance, il s’agit de dire ses difficultés, accepter de ressentir des émotions négatives puis au cours des séances suivantes, prendre conscience de ses ressources, de ses forces pour aller de l’avant.
C’est une méthode qui existe ?
DB : Nous avons mis en place cela grâce à nos approches complémentaires car toutes deux humanistes. Je suis centrée sur l’émotion, le ressenti dans l’ici et maintenant ; c’est la Gestalt thérapie que je pratique depuis quinze ans. Émilie, qui était enseignante en école primaire avant de se former à l’accompagnement de l’enfant et de l’adolescent et à la guidance parentale, a une approche positive basée sur le développement des ressources.
Vous avez l’expérience des groupes ?
DB : J’ai animé plusieurs groupes de paroles pour femmes expat. Cela a été une aventure passionnante de partage et de soutien.
EP : J’anime régulièrement des groupes d’accompagnement à la parentalité dans des écoles (cafés des parents), ou des MJC (ateliers d’habiletés parentales). Je propose également des groupes de parole dans des établissement spécialisés.
Quel est l’intérêt du groupe de discussion par rapport à des consultations psychologiques individuelles ?
DB : Les deux ont un intérêt différent qui peut être complémentaire. Dans le groupe, nous interagissons avec d’autres, comprenons que nous ne sommes pas seuls à vivre des moments difficiles, les soucis des uns résonnent avec les nôtres, les solutions des autres ouvrent le champ de nos possibles. L’énergie du groupe est au service de chacun.
Le groupe est un travail qui s’appuie sur la relation du client avec les « autres » sous le regard et le soutien du thérapeute.
La séance individuelle est un travail qui s’appuie sur la relation entre le client et son thérapeute, le travail y est plus individuel et plus profond que dans un groupe de soutien.
Y a-t-il un cadre de fonctionnement précis ?
DB : Oui, au début de chaque séance, nous posons des règles afin d’instituer des relations saines et justes et créer un contexte de sécurité et de confiance entre les participants. 1/ Règle de confidentialité : tout ce qui se passe dans le groupe reste dans le groupe 2/ Règle d’engagement : être ponctuel, assister régulièrement aux séances dans la mesure du possible. 3/ Liberté, expression, respect, écoute : écouter sans juger, être présent à l’autre et parler en son nom propre.
Nous avons pour mission d’animer le groupe, soutenir le partage et le mouvement et nous assurer que tout le monde prenne la parole. En outre nous accueillons chaque personne, chaque situation de façon inconditionnelle, sans jugement. La curiosité bienveillante et l’acceptation de la différence permettent de se remettre en question et de se construire.
EP : Nous débutons chaque séance par le rappel de ces règles puis par un point météo individuel : Comment te sens-tu aujourd’hui ? Quelle est ta météo intérieure ?
Et si l’étudiant n’ose pas s’exprimer ?
DB : Ce n’est pas grave, il peut être juste là, à l’écoute. Il y trouvera un intérêt quand même. Mais honnêtement, c’est très rare car grâce au cadre posé, ils se sentent toujours en confiance.
Quel est le bilan de ces trois premières séances ?
DB : Il est très satisfaisant ! Il y avait un réel besoin. Nous ne pouvons révéler le contenu des séances et les difficultés abordées car nous devons maintenir la confidentialité mais il est clair que notre démarche est juste. Les étudiants nous ont fait des retours très positifs.
Y- aura-t-il une suite ? D‘autres interventions sont-elles prévues ?
EP : Oui, tout à fait. Nous avons fait un point avec la direction qui est très reconnaissante et souhaite nous accueillir de nouveau afin de proposer trois nouvelles séances. Nous allons envoyer prochainement les nouvelles dates et intervenir dans la classe de première année afin d’expliquer notre démarche.
Merci beaucoup à elles ! Delphine Bauchot et Émilie Perreard proposent également des accompagnements individuels.